Son chien sur ses pas, Thierry de Noblens, membre du collectif citoyen de la Forêt des sources du Touch, emprunte le chemin communal qui traverse la forêt de Fabas, un petit massif vallonné de 800 hectares à cheval sur cinq villages – Fabas, Saint-Frajou, Salerm, Saint-André, Lilhac – situés dans les Petites Pyrénées, au sud de la Haute-Garonne. Le militant écologiste bifurque à gauche sur un terrain mis à nu parsemé de trous. Accroupi, des bouts de bois à la main, M. de Noblens est contrarié : « Un broyeur forestier a pulvérisé sur son passage les souches des sapins Douglas, mais aussi les jeunes hêtres et chênes rouvres, et les ronces, soupire cet ancien artisan d’art aujourd’hui retraité. Je n’ai jamais rien vu de tel. »
Cette parcelle de terre, sur laquelle les arbres ont été abattus par la Société forestière, entreprise gestionnaire depuis 2014 de 470 hectares de la forêt de Fabas, sera replantée à partir de lundi 26 février. La date coïncide avec le début de la campagne de reboisement menée par cette division de la Caisse des dépôts et consignations pour le compte du propriétaire, le groupe Amundi, filiale du Crédit agricole et numéro un européen de la gestion d’actifs. En tout, dix-huit mille résineux (pin Douglas, pin maritime et laricio, cèdre de l’Atlas) et cinq mille feuillus (chêne sessile, chêne pubescent, érable et cormier) seront mis en terre sur une surface totale de 28 hectares.
Mais le collectif de la Forêt des sources du Touch, qui revendique trois cents membres (riverains et écologistes), espère encore faire rempart contre la stratégie de la Société forestière. Car, si le passage de l’engin mécanique d’une vingtaine de tonnes – le Raptor 800 – est un grief à l’égard du gestionnaire de la forêt, classée zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique, il n’est pas le seul. « Nous réclamons l’arrêt immédiat des plantations de résineux, plus inflammables que les feuillus, revendique M. de Noblens. Ce sont des essences exotiques qui présentent un haut risque d’incendie, comme on l’a vu dans les Landes à l’été 2022, et sont inadaptées à nos terres. »
Ces deux raisons ont poussé les citoyens remontés à convoquer la presse, mardi 20 février, au croisement de la route D52 et du chemin communal. « Engager une procédure judiciaire suppose un impact majeur sur la faune et la flore, ce n’est pas envisageable dans notre cas, se justifie M. de Noblens. Outre la mobilisation populaire, la médiatisation est notre levier pour inciter le gestionnaire à changer son fusil d’épaule. »
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