Estadens, mardi 26 novembre - Environ 80 personnes se sont rassemblées mardi matin sur le site de la future usine de fabrication de bûches densifiées à Estadens, suite à l’appel lancé par le collectif « Cagire sans Usine ! ». Quelques jours seulement après le début de la consultation du public [1] , les travaux de terrassement ont débuté. Les habitants des villages alentours, touchés par le manque de transparence de leurs élus sont venus saluer la vue du site et faire part de leur mécontentement.
Ce sont des citoyens inquiets et désemparés qui sont venus, dès 7h du matin pour assister au démarrage du chantier (débuté la veille). Un comité d’accueil en képis les attendait, relevant les plaques d’immatriculation des véhicules garés le long de la D60.
Poignées de mains, thermos de café et partage de gâteaux faits maison, le ton est donné, calme et convivial. Les discussions entre villageois sont bien-sûr centrées sur ce projet industriel, au cœur du Parc Naturel Régional Comminges-Barousse-Pyrénées et à l’entrée de la vallée du Ger. Certains sont tristes de voir ce site saccagé par des bulldozers, d’autres outrés de la manière dont a été amené ce projet par les élus locaux, et la plupart sont inquiets pour la sécurité routière et la tranquillité des nombreuses familles habitants le long des routes empruntées par les « 38 tonnes ». Au cours de la matinée, les barrières de sécurité du chantier sont installées.
« La verrue dans le paysage »
Le projet d’implantation d’usine, porté par la société toulousaine CIMAJ, est d’une dimension totalement disproportionnée pour une zone rurale : 8 mètres de haut, des cheminées de 11 mètres, un emplacement juste devant les montagnes, un fonctionnement de jour comme de nuit. A l’image de l’usine de cellulose de Saint Gaudens, cette première usine en Pays de Cagire viendra défigurer le cadre de vie de ses habitants et le charme naturel recherché par les touristes.
Mais pourquoi une usine de cette envergure en Pays Cagire ?
La question revient régulièrement au sein des membres du collectif Cagire sans Usine ! et de ses sympathisants. Elle a été formulée à plusieurs reprises lors de la réunion publique qui s’est tenue le 21 novembre 2024, à la demande du collectif.
Malgré l’horaire (17h) et l’envoi de la convocation 3 jours avant, ce ne sont pas moins de 200 personnes qui sont venues exprimer leur point de vue et entendre les explications des élus et des porteurs de projets.
On s’interroge alors sur les motivations à aménager un site industriel d’une telle envergure dans une région attractive pour des nouveaux habitants dont l’installation permet de maintenir la dynamique des villages (pouvoir d’achat, maintien des effectifs de classes dans les écoles, rénovation de l’habitat, etc…). Les 6 emplois de manutentionnaires créés ne compenseront pas cette dégradation du cadre de vie des habitants et la dévaluation des biens immobiliers qui en résultera.
Les points gênants relevés par le collectif Cagire sans Usine !
L’emplacement du site industriel
Pourquoi la communauté de communes Cagire Garonne Salat a-t-elle orienté les porteurs de projets vers la ZA du Cap d’Arbon à Estadens alors que d’autres sites, plus proches de l’autoroute étaient disponibles ? Rappelons que la matière première proviendrait de l’Aveyron et que les bûches transformées sont destinées à la vente à Toulouse. Ce serait à minima 10 poids lourds de plus de 38 tonnes qui circuleraient (aller-retour) chaque jour sur l’étroite et sinueuse départementale reliant le site de la future usine à l’autoroute et traversant 4 villages (Montsaunès, Figarol, Léoudary et Ganties) [2] . « C’est 1 camion toutes les demi-heures ! » s’insurge un membre du collectif Cagire sans Usine !.
La sécurité routière
Les habitants s’inquiètent de leur sécurité sur cette route des crêtes, classée « verte » au guide Michelin [3] , qui n’est absolument pas dimensionnée pour ces 38 tonnes. De nombreux cyclistes et motards y circulent. Par ailleurs, le croisement avec de tels engins s’avère compliqué voire impossible par endroits.
Les nuisances aux riverains
En découle l’inquiétude sur les nuisances (bruits, pollution, vibration des bâtis anciens) aux riverains que provoquerait la circulation d’énormes camions au cœur des villages. De nombreuses maisons, mais aussi une école, sont sur le chemin de l’usine.
Les habitants des propriétés avoisinant le site expriment leurs préoccupations face aux nuisances liées au fonctionnement de l’usine de fabrication de bûches densifiées. Parmi les inquiétudes soulevées figure le bruit qu’émettra l’usine placée sur une crête rayonnant plusieurs kilomètres autour. Les villageois vont être parasités quotidiennement par les systèmes sonores de recul des chariots élévateurs, les manœuvres des camions, sans doute le séchoir qui tournera aussi la nuit.
La chute de l’attractivité touristique
Qui dit nuisances visuelles et sonores, dit manque d’attrait de la région. Pour un territoire qui mise beaucoup sur le tourisme, c’est fortement dommageable. Les nombreux professionnels du tourisme présents autour du site de l’usine CIMAJ vont en pâtir. Leur avenir économique et l’impact chiffré sur ce secteur sont à évaluer. Mais une chose est sûre, ces acteurs sont extrêmement inquiets et mobilisés.
Impacts sur l’exploitation du massif
Quelles sont les conséquences écologiques d’une telle usine (faune, flore, milieux naturels environnants) ? Comment va se faire l’exploitation des forêts dans les environs ? Ces deux questions restent à éclaircir.
Le collectif Cagire Sans Usine ! s’est formé spontanément suite à l’annonce de la consultation publique reçue via l’application Panneau Pocket le 5 novembre 2024 par les habitants de la commune d’Estadens uniquement. De nombreux habitants des villages alentours ont rallié le collectif dont la vocation est d’obtenir l’annulation du projet d’usine à l’emplacement prévu (ZA du Cap d’Arbon).
Une pétition est en cours, plus de 1200 signatures en ligne et encore plus sur papier !
Contacts Cagire sans Usine ! :
- Courriel : cagiresansusine (@) proton.me
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- Instagram : https://www.instagram.com/cagire_sans_usine/