Article de l’AFP de début mai 2006, notamment publié dans le Petit Journal (édition Comminges). A lire avec toute la clairvoyance nécessaire à la lecture d’une publication de l’AFP ! On y apprend l’état de la filière OGM en France qui passe en force malgré le désaccord de la majorité de la population française et l’absence (ou la non publication) de réelles données et conclusions scientifiques objectives sur le sujet. Eléments complémentaires à l’article : |
lundi 1 mai 2006, BORDEAUX AFP
Sous la pression conjuguée des insectes ravageurs et de la concurrence internationale, les producteurs de maïs du Sud-Ouest vont tourner une page de leur histoire en 2006 se lançant pour la première fois dans la production commerciale de maïs OGM, jusqu’à présent marginale.
Limitée à quelques centaines d’hectares ces dernières années, la production de maïs à partir de semences OGM autorisées va passer à "près de 5000 hectares" en 2006, a récemment annoncé l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM).
Cette production, concentrée pour l’essentiel en Aquitaine, Midi-Pyrénées et Poitou-Charentes, se fera avec des semences OGM de type BT, les seules à avoir reçues une autorisation de mise sur le marché avant 1999, date d’entrée en vigueur d’un moratoire de l’Union européenne.
Bien que légales, ces semences n’avaient jamais été utilisées à large échelle par les maïsiculteurs français, soucieux de préserver leur image dans le débat passionnel entre « pro » et « anti » organismes génétiquement modifiés.
Conçues pour résister sans insecticide aux ravageurs, les futurs plants OGM ne donneront que du « maïs grain » (alimentation animale) qui sera ensuite vendu sur le marché espagnol.
Dès 2002, l’AGPM avait encadré quelques expériences pour tester in situ l’efficacité des OGM et vérifier la possible « coexistence » avec les champs conventionnels.
Quelques rares professionnels s’étaient aussi lancés dans l’aventure mais les surfaces ne dépassaient pas au total 700-800 ha en 2005, selon les chiffres de la filière.
Un pas semble franchi, tant sur les surfaces concernées que dans le discours sur l’utilisation des OGM : « Nous sommes favorables aux nouvelles technologies », a reconnu sans détour le directeur de l’AGPM.
Pour Luc Esprit, les producteurs doivent répondre à la « pression » des pyrales et sésamies, des papillons de nuit dont les larves détériorent les feuilles et épis de maïs.
« Il est important de répondre aux attentes, important de répondre aux problèmes de compétitivité », a ajouté le responsable de l’AGPM rappelant que les OGM se développaient dans d’autres pays européens.
Autrefois discrets, les maïsiculteurs pro-OGM ont affiché cette année leurs convictions, à l’image de l’opération de séduction organisée jeudi par l’AGPM.
Devant la presse, des agriculteurs de la région toulousaine ont ainsi planté des semis OGM tout en expliquant que des mesures préservaient la qualité de la filière conventionnelle.
« C’est un coup de force », a réagi le même jour José Bové, fustigeant « une opération de communication » menée en sous-main par la FNSEA, principal syndicat agricole.
« La FNSEA, à travers ces producteurs de maïs aux abois (…) essaye d’imposer les OGM avec l’appui des laboratoires industriels », a expliqué le plus célèbre faucheur volontaire.
L’ex-porte parole de la Confédération paysanne a par ailleurs relativisé les 5.000 ha de maïs OGM à comparer aux 3 millions d’hectares de maïs cultivés en France.
Du côté des semenciers, on a pourtant noté un changement d’attitude, comme à Monsanto France qui, pour la première fois, a vendu des OGM dans le Sud-Ouest.
La filiale du géant américain aura écoulé « entre 50 et 70 tonnes » de MON 810, une semence OGM BT, pour la campagne 2006, soit l’équivalent de 2300 ha de maïs, selon la directrice du site de Peyrehorade (Landes), Catherine Lamboley qui se souvenait que « l’année dernière, les agriculteurs n’en voulaient pas ».