Communiqués de presse d’UNIMATE du 5 juillet 2006
Lundi 3 juillet, Nelly OLIN, Ministre de l’Écologie, a
déclaré devant le Comité de Bassin Adour-Garonne,
qu’elle « acceptait de suivre Jean
FRANÇOIS-PONCET (1) sur sa détermination au sujet de la
réalisation du barrage de Charlas ».
Cette annonce n’est pas nouvelle. L’État est depuis
3 ans favorable à la création de ce barrage et refuse
obstinément d’envisager d’autres solutions moins
coûteuses et plus équitables pour améliorer la
qualité et le débit de nos rivières en
Adour-Garonne.
La fédération Uminate (165 associations d’environnement en région Midi-Pyrénées) rappelle tout d’abord que l’eau n’est pas du sucre qu’il s’agirait de stocker en cas de crise. Au contraire, l’avenir est à la maîtrise de nos consommations, aux systèmes économiques de traitement des eaux usées et à une utilisation des sols compatibles avec le fonctionnement des rivières et des milieux naturels.
L’intervention de Madame Nelly OLIN est donc en total décalage avec la réalité environnementale et économique de nos territoires.
Une annonce démagogique pour un certain électorat
Sur la forme, la Ministre de l’Écologie annonce son accord
pour le projet alors qu’aucune étude impartiale et
indépendante sur les alternatives (pourtant soi-disant attendue
par son Ministère et demandée par la Commission Nationale
du Débat Public) n’a été
réalisée à ce jour. À ce titre, Uminate
proteste énergiquement contre le fait que le SMEAG (2) (porteur
du projet de Charlas) se soit auto mandaté pour entamer la
réalisation des études sur les alternatives à son
propre projet. Notre fédération appelle donc les
élus du bassin Adour-Garonne à saisir la Ministre de
l’Écologie à ce sujet !
D’autre part, annoncer en début d’été
que l’on est pour la création d’un nouveau barrage
revient à balayer d’un revers de la main les quelques
efforts trop peu nombreux pour atteindre un niveau de consommation
d’eau cohérent avec les ressources naturelles et les
finances publiques. La Ministre de l’Écologie aurait voulu
inciter le principal consommateur d’eau en période
estivale -c’est à dire la filière agro industrielle
de la culture du maïs irrigué (3)- à ne pas se
limiter, qu’elle ne s’y serait pas prise autrement…
Une annonce à contre courant, déconnectée des véritables enjeux
Sur le fond, la fédération régionale Uminate
rappelle que le projet Charlas a été conçu dans
les années 1960 à une époque où l’on
ne pouvait pas imaginer que les consommations d’eau resteraient
stables. Or, depuis 2002, les consommations d’eau (tous usages
confondus) restent stables et même en légère
diminution alors que la population augmente (4). Pourquoi créer
alors un nouveau barrage tout en sachant pertinemment que des
économies d’eau associées à une utilisation
plus durable de nos sols et une meilleure utilisation des barrages EDF
des Pyrénées permettraient de résoudre le
problème avec moins d’argent et de conflits ?
Uminate rappelle d’autre part que le projet Charlas capterait l’essentiel de l’effort des financeurs publics dans le domaine de l’eau pour une dizaine d’années ce qui empêcherait évidemment de répondre aux véritables enjeux de développement durable, à savoir :
- Les économies d’eau et la gestion des ressources sur d’autres bassins et notamment le bassin Tarn-Aveyron,
- L’assainissement des eaux usées en zone rurale, source de pollution importante des ruisseaux et rivières du bassin Adour-Garonne,
- La réduction de la pollution des sols et rivières par les produits chimiques utilisés par l’agriculture, les particuliers et les collectivités,
- Le développement de la biodiversité par l’accroissement des zones humides (véritables éponges atténuant les crues et les étiages sévères) mais aussi par le développement de semences paysannes plus rustiques et donc plus résistantes à la sécheresse,
- L’augmentation de la ressource pouvant être mobilisée par EDF depuis les barrages pyrénéens existants avec une totale transparence sur le prix facturé par EDF aux collectivités,
- Le développement de pratiques d’utilisation et d’aménagement des surfaces agricoles et urbaines permettant d’augmenter la capacité de rétention des eaux de pluie par les sols : plantation de haies, surfaces goudronnées perméables, …
Uminate déplore le manque de connaissances dont disposent les financeurs publics sur ces sujets fondamentaux alors que plus de 10 millions d’euros ont d’ores et déjà été engloutis en études, réunions, commissions et expertises sur le seul projet de Charlas.
(1) Jean FRANÇOIS-PONCET est le Président du Comité de Bassin Adour-Garonne.
(2) Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne.
(3) Un hectare de maïs (100 m sur 100 m) consomme autant
d’eau qu’un village de 450 habitants en été.
(4) 100.000 habitants de plus sur Toulouse d’ici 20 ans signifie
une consommation de 0,3 m3/s supplémentaire sur un débit
minimal de l’ordre de 30 m3/s à Portet-sur-Garonne.
L’augmentation de la population des agglomérations de
Toulouse et de Bordeaux n’a donc pas d’impact significatif
sur les débits des rivières et est compensée par
la diminution de surfaces irriguées constatée depuis 2
ans avec la mise en oeuvre de la nouvelle PAC et l’augmentation
des charges d’irrigation (eau, électricité).
Contact
Rémy MARTIN, Président d’Uminate
Tél. : 05.34.31.97.42 - rmartinperso (a) yahoo.fr
Site web : www.uminate.asso.fr