L’ensemble des grottes de Montmaurin a été en son temps gravement menacé par l’exploitation des roches constituant la colline dans la quelle s’ouvrent le Coupe-Gorge, la Niche, les grottes du Putois et la grotte de Montmaurin proprement dite (celle qui conserve la célèbre brèche à ossement de Machairodus).
En 1969, lors de la préparation de la visite du Congrès international de l’Union internationale des sciences préhistoriques et protohistoriques, Messieurs Louis Méroc (alors Directeur de la circonscription archéologique Midi-Pyrénées), Georges Simonet (assistant à cette circonscription), Jacques Aubinel, Christian Servelle et Michel Girard, avaient assisté, atterrés, aux tirs de mine qui détruisaient irrémédiablement la zone entourant l’ensemble des grottes préhistoriques. Plusieurs petites cavernes emplies d’ossement avaient d’ailleurs été éventrées sous nos yeux par ces explosions sans que l’on puisse intervenir ni pouvoir collecter quoi que ce soit.
Lorsqu’on sait la richesse des archives de la vie du Passé de l’Humanité conservées dans de ce massif, gisement qui doit être maintenant protégée au titre des sites archéologiques, on peut s’étonner d’apprendre qu’une exploitation de roche puisse se poursuivre dans les environs immédiats d’un site de renommée mondiale et prendre le risque d’engendrer un nouveau massacre. Il serait en effet surprenant que l’ensemble de Montmaurin dont la séquence miraculeusement conservée s’étend de l’Acheuléen aux Périodes Historiques, soit le seul endroit de cette région favorisée qui ait servi de théâtre à l’évolution multimillénaire de l’Homme.
Il convient donc d’être extrêmement vigilant, ce qui implique une recherche préalable détaillée de la potentialité archéologique du massif retenu comme future carrière avant d’entreprendre des travaux d’exploitation de roche qui risquent d’anéantir un autre Montmaurin. La disparition incontrôlée des archives de la Préhistoire parvenues du fond des âges jusqu’à nous serait en effet une catastrophe identique à celle qu’engendrerait l’incendie d’une bibliothèque renfermant des ouvrages fondamentaux anciens et uniques. On ne donnerait certainement à personne le droit de détruire volontairement un tel trésor !
Le projet de cette nouvelle exploitation des roches suscite donc de notre part une forte préoccupation car on ne peut fermer les yeux ni sa conscience sur l’éventualité d’une destruction irrémédiable de tout un pan du Patrimoine de l’Humanité.
Nous formulons donc les vœux les plus pressants pour qu’une importante prospection archéologique du secteur envisagé soit conduite avant toute chose sinon nous aurions, à l’échelle de la France, à nous reprocher une indiscutable incurie et un mépris évident vis-à-vis des futures générations.