L’association ADAQ-Vie Save/Gesse vous transmet une information très importante publiée ce jour par Pierre Challier dans la Dépêche du Midi. Yves Coppens justifie son expertise et donne l’orientation à choisir pour le problème de Montmaurin.
Montmaurin. L’appel d’Yves Coppens
« Yves Coppens est l’un des trois »pères" de Lucy et le paléontologiste français le plus célèbre dans le monde : vacancier à Val Louron, il conjugue science et loisirs en participant à la Journée Préhistorique de Val Louron. Il s’oppose au projet de carrière à Montmaurin, site préhistorique majeur de la Haute-Garonne.
Comment avez-vous découvert les Pyrénées en hiver ?
J’ai été invité il y a 10 ans par mon ami Gilles Cousin à devenir le grand témoin d’un festival du raid et de l’aventure aux Angles et je me suis attaché aux Pyrénées. Puis Gilles a pris sa retraite dans sa région d’origine, alors je reste fidèle aux Angles mais je viens aussi le retrouver ici, dans les Hautes-Pyrénées, dans le Louron. Val Louron, c’est donc d’abord un rendez-vous de l’amitié. Mais c’est toujours plus compliqué que ça. Parce qu’évidemment, j’aime bien toujours voir les sites préhistoriques, rencontrer les gens qui s’en occupent, connaître les problèmes qui se posent dans les différentes régions pour la conservation des sites et pour leur développement. C’est donc la raison pour laquelle Gilles Cousin m’a organisé différents rendez-vous.
De fait, on vous a vu à Aurignac et à Montmaurin, berceau menacé de la Vénus de Lespugue. Quelle est votre position par rapport à ce projet de carrière à proximité du site ?
C’est simple à comprendre : dans la région, les roches sont calcaires. Les eaux circulent sur ces roches et y font des trous qu’on appelle des karsts. Or les karsts se remplissent forcément de sédiments de différentes époques, remontant à 100 000 voire 200 000 ans pour Montmaurin, où l’on a ainsi trouvé une mandibule humaine très ancienne pour la France, tandis qu’à Lespugue, a été découverte cette Vénus, datant d’il y a environ 25 000 ans. Ce faisant, tout y est permis, en termes de découvertes. Il serait donc bien de sanctuariser l’ensemble de ce massif qui représente un potentiel archéologique, préhistorique et paléontologique particulièrement important.
Vous êtes donc clairement contre ce projet de carrière ?
Oui, bien sûr. Je suis pour la protection de tous les sites naturels qui peuvent livrer de nouvelles informations si précieuses pour l’histoire de la France et de l’Humanité tout entière.
3 millions d’années séparent Lucy et la Vénus de Lespugue. Que représentent l’une et l’autre pour vous ?
Elles représentent des grands points de passage de l’histoire de l’humanité. Je travaille aussi pour l’unesco qui développe et élargit sa liste en sites préhistoriques afin d’enrichir le patrimoine mondial de l’humanité. C’est essentiel. L’humanité ne peut comprendre son état actuel et son avenir qu’en jetant un petit coup d’œil sur son passé. Or l’intérêt d’une découverte n’est pas lié à l’ancienneté. Lespugue est aussi importante que Lucy et Gargas aussi important que Lascaux : ce sont simplement des sites différents et obligatoires pour comprendre notre histoire."
13.03.2011