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Montmaurin. Découverte d’une fortification médiévale inconnue
Menacé par un projet de carrière, le site du « Castet » de Montmaurin a fait l’objet d’un diagnostic de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives. Les archéologues y ont découvert les vestiges d’un castrum inconnu.
Montmaurin n’a décidément pas fini de révéler la richesse de son patrimoine. Chacun connaît sa villa gallo-romaine, l’une des plus grandes jamais mises au jour en France. Et tous les passionnés de préhistoire savent aussi qu’à deux pas de là, entre Save et Seygouade, ont été trouvés la mâchoire prénéandertalienne d’un lointain cousin de Tautavel et la célèbre Vénus de Lespugue. Mais aujourd’hui, ce sont les médiévistes qui peuvent se réjouir…
Car le site a livré de nouveaux vestiges, ceux d’une fortification inconnue, découverte lors du diagnostic qu’a mené en juin 2010 l’Institut national de recherches archéologiques préventives, ainsi que le révèle son rapport de 210 pages.
Ce faisant, dans ce décor unique où la présence de l’homme est attestée depuis 300 000 ans… le projet de carrière des Dragages Garonnais a désormais, semble-t-il, beaucoup de plomb dans l’aile, puisqu’il était prévu à l’emplacement même de ce fort, au cœur de l’éperon calcaire qui domine la Save, territoire pour l’essentiel classé en Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).
MYSTÈRE
« Nous avons en effet mis au jour sur la première zone qui devait être exploitée un « castrum » du XIIe-XIIIe siècle, avec la base d’une tour carrée de 6 mètres sur 6, un grand mur de 2 mètres d’épaisseur qu’on a pu suivre sur une cinquantaine de mètres, avec une porte d’entrée et de très beaux parements en grès », résume Marc Jarry, responsable d’opération, l’un des archéologues qui a fouillé les lieux… et soulevé du coup avec ses collègues un petit mystère historique.
« Car ce que nous avons trouvé est un monument inédit sur ce territoire aux marges de Montmaurin et Blajan, très intéressant selon les spécialistes et d’autant plus que ce n’est pas le castrum que signalaient les archives du XVIe siècle, lequel est sans doute un peu plus loin et reste à découvrir », précise le chercheur, qui, à défaut de restes humains préhistoriques (la précédente carrière a sans doute détruit une nécropole néolithique), a vu ses collègues spéléologues remonter d’une cavité une dent de mastodonte.
« Par ailleurs, nous avons aussi pu établir une présence humaine sur les lieux du néolithique au Moyen Âge en passant par l’Antiquité » souligne-t-il. Autant d’éléments d’un site prometteur qui ont donc fait prescrire une fouille au ministère de la Culture, via le Service régional archéologique… fouille longue et onéreuse qui serait à la charge du futur exploitant, s’il voulait poursuivre son projet.
« Mais l’autre point à souligner, également, c’est que nos recherches ont permis d’établir que la forêt, à cet endroit, est la même qu’à l’époque médiévale, elle n’a pas bougé depuis la nuit des temps. Cela représente aussi un patrimoine exceptionnel », conclut Marc Jarry.
Fin du projet ?
Prévoyant d’extraire jusqu’à 200 000 tonnes de calcaire par an, le projet de carrière a été jugé « aberrant » par la communauté scientifique. Les opposants ont même reçu le soutien du préhistorien Jean Clottes et du paléontologue Yves Coppens. Suite aux découvertes de l’Inrap, l’entreprise peut cependant décider de financer les fouilles pour exploiter ensuite les lieux. « Mais depuis la prescription de cette fouille préventive, notifiée à l’aménageur l’an passé, c’est le silence total, nous n’avons plus aucune nouvelle », précise Michel Vaginay, conservateur régional de l’Archéologie, joint hier.