Montmaurin Les fouilles de trop pour le projet de carrière ?
Carrière de Montmaurin ; un rapport décisif ?
Suite à un rapport, les représentants de l’Etat demandent à l’exploitant de la carrière de financer des recherches archéologiques « significatives » avant de pouvoir utiliser le site. Un tournant, qui pourrait pousser l’exploitant à abandonner le projet ?
Cela aurait pu être la dernière étape avant l’exploitation de la carrière de Montmaurin, il pourrait s’agir en fait de son arrêt de mort. Avant la réexploitation de la carrière Dufaut à Montmaurin, un diagnostic archéologique avait été prescrit. Ce diagnostic, réalisé par l’Institut national de recherches archéologiques préventives de 210 pages, est précis, détaillé. Il montré l’intérêt de ce site.
Michel Vaginay, conservateur régional de l’archéologie à la direction régionale des affaires culturelles, à qui ce rapport a été remis, détaille : « Suite à l’analyse de ce rapport, nous, les services de l’Etat, avons prescrit une fouille archéologique préventive. Autrement dit, l’aménageur ne pourra pas commencer à exploiter la carrière avant d’avoir réaliser des fouilles archéolgiques. C’est à lui de les financer. Dans le cas de cette carrière de Montmaurin, nous avons prescrit une opération significative de fouilles. » Une opération qui pourrait prendre plusieurs mois et s’avérer coûteuse. Et le représentant de l’Etat d’avouer : « Suite à ce rapport, je n’ai eu aucun retour » de l’exploitant.
C’est l’entreprise Dragage Garonnais, une des « branches » de l’entreprise Giuliani de Valentine, qui avait ce projet de relancer la carrière Dufaut. Contacté à plusieurs reprises par la Gazette du Comminges, Pascal Giuliani n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Egalement contacté, le maire Daniel Gaspin, favorable au projet, n’a « plus rien à déclarer concernant la carrière ».
Ce rapport pourrait en tous cas marquer un tournant dans cette affaire qui agite la commune depuis plusieurs années. La Municipalité, favorable à ce projet, mettait en avant que cette activité économique rapporterait 12.5 % de budget supplémentaire à la commune, ajoutant que ce site était isolé et n’avait que peu d’intérêt archéologique. Par ailleurs, la commune a une histoire, les carrières y ont été nombreuses. Ce projet prévoyait d’extraire 150.000 à 200.000 tonnes de calcaire par an.
« Unique au monde »
Les opposants se sont fortement
mobilisés depuis la naissance de
ce projet. L’un des arguments est
que le site se trouve à proximité
d’une ZNIEFF, une zone naturelle
d’intérêt écologique. L’autre
argument fort des opposants
reposait justement sur l’importance
archéologique du site. Les
associations « Adaq-Vie Save
Gesse » et « Entre Save et Seygouade
» avaient d’ailleurs notamment obtenu le soutien
d’universitaires et d’Yves Coppens, le plus grand paléontolongue
français. Une étude récente,
menée notamment par Isaure
Gratacos, montre que la vallée Se
la Save et de la Seygouade a conservé
« toutes les étapes de l’Histoire
de l’Humanité depuis
300.000 ans ». Lors d’une visite
du site, en mars dernier, et dans
une étude publiée dans la Revue
des Etudes du Comminges, la
professeur d’Histoire expliquait :
« Toutes les étapes sont rassemblées
ici, depuis le moment où un
être qui se tenait debout sur ses
pattes de derrière acommencé à
tailler quelques cailloux. C’est ce
que nous avons découvert avec
Georges Jauzion, ancien président
de la fédération française
de spéléologie, avec qui nous faisons
l’inventaire des cavités de
la vallée. Cela en fait un lieu unique
au monde » A la suite de cette
étude, une délégation composée
notamment d’Isaure Gratacos,
de l’historien René Souriac ou
encore dubilogiste Marcel Delpoux
était reçue par le sous-Préfet
Bernard Bahut. Celui-ci a fait
remonté les informations à la
Préfecture, qui a donc ordonné
ce diagnostic archéologique.
Sans revenir sur l’arrêté préfectoral
autorisant cette exploitation
pris en avril 2009, les services
de l’Etat donnent incontestablement
un sérieux coup
d’arrêt à ce projet.
Christophe Zoia