Films-débat
« Disparition des abeilles, la fin d’un mythe » et
« les Frelons, prédateurs des abeilles ».
"Disparition des abeilles, la fin d’un mythe. Film documentaire français en couleur de 2008 réalisé par Natacha CALESTREME. Durée : 52 minutes.
Depuis une vingtaine d’années, un mal mystérieux frappe les abeilles. Les pertes se chiffrent en millions. Les conséquences en sont désastreuses : faute de pollinisation, les arbres ne produisent plus de fruits et tout l’écosystème est menacé. Natacha Calestrémé mène l’enquête afin de démasquer le vrai coupable de cette catastrophe écologique annoncée.
Le constat est alarmant : que ce soit en Europe, en Asie ou en Amérique du Nord, les abeilles meurent par millions. L’enquête est ouverte et la réalisatrice Natacha Calestrémé se penche sur ce phénomène mystérieux dont l’enjeu est ni plus ni moins la survie de toutes les espèces végétales et animales — l’homme compris.
Plusieurs pistes sont abordées par le documentaire. Le Varroa destructor, acarien nuisible aux abeilles, prolifère de façon anormale. Ce parasite originaire d’Asie, arrivé en Europe au début des années 1980, s’attaque aux ruches déjà affaiblies. Par conséquent, il ne peut être considéré que comme le facteur aggravant d’une crise plus profonde. Des chercheurs américains ont ensuite mis en cause la grippe chez les abeilles, virus à traiter avec des médicaments et facile à enrayer. Mais, là encore, les morts inexpliquées des butineuses se poursuivent. La raison est donc à chercher ailleurs : par exemple, du côté des activités humaines. Ainsi, les impulsions électromagnétiques émises par les antennes-relais semblent agir sur les abeilles comme des brouilleurs. Les ouvrières, désorientées, incapables de se déplacer correctement, perdent le chemin de la ruche et meurent. La théorie est pertinente car ces insectes, à l’instar de nombreux autres animaux, utilisent le champ magnétique terrestre pour s’orienter. Mais aucune étude ne vient appuyer cette thèse.
La piste privilégiée est alors celle des pesticides. Pris séparément, les produits employés sont en théorie inoffensifs pour les abeilles, mais, combinés, les insecticides et les fongicides utilisés pour protéger les cultures se révèlent l’arme du crime idéale. Les ouvrières sont exposées à ces substances chimiques et seules les plus solides parviennent à survivre. Mais celles-ci rapportent à la ruche des pollens contaminés, fatals pour les larves. On assiste alors à un dialogue de sourds entre apiculteurs et agriculteurs. Les uns dénoncent l’utilisation abusive d’armes de destruction massive contre leurs précieuses abeilles. Les autres cherchent une issue économiquement viable à un problème qui les touche directement. Car les agriculteurs sont eux aussi les victimes de ce fléau. Sans abeilles, pas de pollinisation et donc pas de fruits ni de légumes. Triste ironie pour l’humanité… La nature retourne les armes de la production de masse contre ses créateurs. A trop tirer sur la corde, l’homme crée lui-même une contradiction dans ce processus. En voulant protéger ses récoltes des nuisibles, il enraye du même coup les agents de reproduction des plantes.
Natacha Calestrémé entraîne donc le téléspectateur sur une véritable scène de crime. Les victimes : des poignées entières d’abeilles mortes ; les témoins : des apiculteurs en colère et des agriculteurs abasourdis ; les experts : des scientifiques perplexes… Tous les ingrédients sont ici réunis pour un polar écologique aux conséquences dramatiques pour l’avenir de la vie sur Terre.